L’Assemblée parlementaire franco-allemande et la fermeture des frontières

Publié le 29/05/2020 dans les catégories Europe

Lors de la réunion de l’Assemblée parlementaire franco-allemande, le jeudi 28 mai 2020, Patrick Hetzel a interrogé le ministre fédéral allemand de l’intérieur, Horst Seehofer, au sujet de la fermeture des frontières :

« Monsieur le Ministre,

Loin de moi l'idée de porter un jugement de valeur sur la gestion de la crise sanitaire par les autorités allemandes. Mais permettez-moi néanmoins de vous sensibiliser à la colère des citoyens français en général et des alsaciens en particulier face aux conséquences des décisions qui ont été prises : fermeture de nombreux points de passage vers l'Allemagne, difficultés et lenteurs par les nombreux travailleurs frontaliers pour rejoindre leur lieu de travail dans le Bade-Wurtemberg, le Palatinat et dans de moindres mesures en Sarre, interdiction aux travailleurs frontaliers d’acheter leur repas de midi, refoulement si la date de validité inscrite sur la carte nationale d’identité a dépassé les 10 ans alors que les autorités françaises ont prolongé cette validité à 15 ans,…

Evidemment nos concitoyens regrettent amèrement ces barrières aux frontières qui provoquent une souffrance et un sentiment d’injustice plus particulièrement en Alsace qui pourtant partage tant avec votre pays. Qu’était devenu pour vous le traité d’Aix-La-Chapelle ? Qu’était devenue l’Amitié franco-allemande ? Qu’était devenue l’Europe ? Notamment lorsqu’à partir du 16 mars dernier la frontière était fermée par des barrières et des policiers.

En l’espace d’une nuit, symboliquement, le jardin des deux rives du Rhin, qui ne formait plus qu’un, était à nouveau coupé en deux.

Oui, Monsieur le Ministre, en cette nuit de mars 2020, cet espace symbolique de la construction européenne fit un bond en arrière vers nos frontières et un temps qui avait été presque oublié grâce à la coopération franco-allemande et la construction européenne.

D’un seul coup, le souvenir d’une frontière douloureuse le long du Rhin et qui se déplaça plusieurs fois au cours des deux siècles derniers remonta à la surface ainsi que la mémoire d’un temps sombre que nous avions cru révolu à jamais.

En l’espace d’une nuit, l’Allemagne pris la décision certes souveraine et légale mais au combien douloureuse d’annuler cet espace de vie commun qui s’était progressivement construit de part et d’autre du Rhin.

Monsieur le Ministre, vous l’aurez compris, l’Allemagne est notre amie et on dit tout à ses amis, surtout lorsqu’on a le cœur lourd.

Alors ma question est simple, Monsieur le Ministre, comment pouvons-nous collectivement faire pour que cela n’arrive plus jamais entre nous ! « Denn das wollen wir nie wieder zwischen uns ! »

Je vous remercie. »