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Juin 2025

Dette publique, la France danse sur un volcan

Il est des vérités que l’on préfère ne pas voir en face, tant elles sont inconfortables. Mais les faits sont têtus : la France est dangereusement endettée et la trajectoire actuelle de ses finances publiques pourrait la mener droit vers une situation que l’on croyait réservée aux pays dits “en développement” : une mise sous tutelle du Fonds monétaire international (FMI). Je ne suis pas le seul à le dire, le 11 juin dernier, la journaliste économique Fanny Guinochet a publié une analyse dans ce sens dans le journal La Tribune. Jadis impensable pour une puissance économique du G7, ce scénario n’est désormais hélas plus théorique. Il faut le dire clairement : la France danse sur un volcan, et le réveil pourrait être brutal, surtout pour les concitoyens les plus fragiles. A n’en pas douter, le risque d’être « rattrapé par la patrouille » augmente sans cesse.

Une dette abyssale, une croissance anémique

La dette publique de la France dépasse désormais 3 200 milliards d’euros, soit plus de 110 % du PIB. Dans le contexte européen, ce niveau est inquiétant mais ce qui l’est davantage encore c’est l’absence de trajectoire crédible de réduction de cette dépense. Contrairement à d’autres pays fortement endettés comme l’Italie, la France n’a pas su envoyer au marché les signaux de sérieux budgétaire attendus. Le déficit dépasse encore 5 % du PIB, bien au-delà du seuil européen de 3 %, et ce malgré la fin des grandes dépenses d’urgence liées au Covid ou à l’énergie. Avec mon groupe parlementaire de la Droite Républicaine, nous avons formulé des propositions pour 40 milliards d’Euros de réduction de dépenses et cela sans augmentation des impôts.

Le modèle économique français repose de plus en plus sur la dette pour financer des dépenses courantes, et non sur des investissements d’avenir. C’est une fuite en avant qui alimente une spirale dangereuse : la charge de la dette, c’est-à-dire les seuls intérêts versés, explose sous l’effet de la remontée des taux. En 2024, elle a dépassé 60 milliards d’euros, soit davantage que le budget de l’Éducation nationale ou de la Défense. À ce rythme, les marges de manœuvre budgétaires seront nulles d’ici quelques années.

Le spectre d’un scénario à la grecque n’est plus impossible

Historiquement, le FMI intervient lorsqu’un pays n’arrive plus à financer sa dette sur les marchés. La France, jusqu’à présent, bénéficie encore d’un accès aux marchés grâce à sa note de crédit, certes dégradée, et à la confiance relative des investisseurs. Mais cette confiance n’est pas éternelle. En cas de nouvelle crise financière, d’emballement des taux ou de récession prolongée, l’État pourrait se retrouver dans l’impossibilité de se financer à des conditions soutenables. Ce jour-là, l’aide du FMI pourrait être la seule option.

Mais l’aide du FMI a toujours un prix : la perte de souveraineté budgétaire du pays mis sous tutelle. Cela signifie que des spécialistes des finances publiques et de l’économie, venus de Washington, dicteraient sa politique économique à la France. Et les remèdes sont connus : réduction drastique des dépenses publiques, hausses d’impôts, privatisations accélérées, baisse des aides sociales, réforme du système de retraite… Ce n’est pas de la science-fiction. La Grèce l’a vécu entre 2010 et 2015. Des pans entiers de son modèle social ont été sacrifiés.

Ce sont les plus modestes qui en paieraient le prix en premier

Dans un tel scénario, ce seront les ménages modestes, les retraités et les collectivités locales qui en souffriraient en premier. L’illusion du “quoi qu’il en coûte” a créé une accoutumance à la dépense publique. Mais l’économie réelle ne fonctionne pas sur la magie monétaire : tôt ou tard, les dettes doivent être remboursées. Et lorsqu’on ne peut plus rembourser, ce sont les conditions de vie des citoyens qui sont renégociées et l’ensemble du modèle social à la française serait impacté.

Plus que jamais, nous avons besoin de lucidité collective

Nous ne sommes pas condamnés à cette issue, mais elle n’est plus à exclure. Continuer de financer le fonctionnement quotidien de l’État à crédit, sans réforme sérieuse de la dépense publique, relève de l’irresponsabilité. Une politique de réduction de la dette n’est pas un luxe idéologique : c’est une exigence de survie démocratique. La lucidité impose de dire que l’État-providence ne pourra pas survivre s’il repose sur des fondations budgétaires vermoulues. La justice sociale ne peut pas être construite sur le sable de la dette perpétuelle. Le vrai courage politique aujourd’hui, c’est de dire la vérité, de faire des choix difficiles et de restaurer une trajectoire de crédibilité financière. C’est d’ailleurs, pour cela que je me bats depuis des années contre la fraude car elle met gravement en danger notre modèle social.

Il faut que nous soyons très lucides, si nous ne faisons rien, demain, ce n’est pas un gouvernement élu qui décidera du sort des Français, mais des experts étrangers. Et cette perspective devrait réveiller toutes les consciences et toutes les personnes de bonne volonté attachées à la France.

Patrick HETZEL,
votre Député,
ancien ministre.

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