« Le budget de l’État consacré à la vie étudiante est en constante augmentation »
Publié le 14/11/2019 dans les catégories Enseignement Sup & Recherche Médias
« Le budget de l’État consacré à la vie étudiante est en constante augmentation »
Y a-t-il une augmentation de la précarité étudiante ? Le point de vue de Patrick Hetzel, député LR et ancien recteur d’académie.
Recueilli par Loup Besmond de Senneville, le 13/11/2019
Il ne faut pas minimiser les drames personnels et les situations difficiles que peuvent rencontrer les étudiants. Mais au-delà de ces cas personnels, il ne faut pas perdre de vue que la France est l’un des pays dans lesquels il y a eu une vraie volonté, sur le long terme, d’augmenter le nombre de jeunes ayant accès à l’enseignement supérieur.
Alors que 300 000 jeunes suivaient des formations post-bac en 1960, ils sont 2,8 millions aujourd’hui. La population n’est certes pas la même, passant de 40 à 60 millions, mais le nombre d’étudiants a augmenté en un demi-siècle dans des proportions qui n’ont rien à voir. Cela est dû en partie à la stratégie européenne de Lisbonne et à une volonté politique de voir augmenter le niveau moyen des connaissances de la population. Corollaire de ce phénomène de massification : le nombre de jeunes issus de classes sociales modestes ayant accès à l’éducation supérieure a considérablement augmenté.
Création de bourses
Cela a conduit les gouvernements, quel que soit leur bord politique, à créer des bourses. Le budget de l’État consacré à la vie étudiante est en constante augmentation : il devrait l’an prochain être fixé à 2,7 milliards d’euros, soit 7 millions de plus que l’an passé. Et ce, dans un contexte où en France, les droits d’inscription dans le supérieur sont très modestes comparés à d’autres pays. Ce qui est une très bonne chose.
De leur côté, les universités ont essayé de prendre en compte cette nouvelle réalité, en s’adaptant au fait qu’un certain nombre de jeunes doivent travailler pour financer leurs études. Cela est par exemple le cas lorsque les bibliothèques ouvrent plus tard : elles permettent aux étudiants d’y accéder plus longtemps à certains jeunes de pouvoir y trouver un travail.
Une fois que l’on a dit tout cela, on n’a évidemment pas résolu toutes les situations que peuvent traverser certains étudiants, qui peuvent être confrontés à une forme de précarité. Il existe évidemment un problème propre au logement étudiant, car l’État a du mal, via les Crous, à disposer des logements nécessaires. Or, c’est le premier poste de dépense dans un budget étudiant.
L’une des pistes à envisager pourrait être de pousser l’enseignement supérieur à développer des stratégies d’alternance, dont l’apprentissage. C’est une voie qui permet à des jeunes à la fois de suivre un cursus et d’être diplômé tout en favorisant l’insertion professionnelle. Il y a naturellement des domaines dans lesquels ce n’est pas forcément possible. C’est pourquoi je suis favorable à ce que pour certaines branches, le ministère de l’éducation nationale recrute des apprentis enseignants dès la fin de la licence. Ce serait une manière de permettre à des étudiants de faire leurs deux années de master, tout en enseignant.