Budget 2019 : Patrick Hetzel explique pourquoi il vote contre
Publié le 23/11/2018
18, c'est le nombre de mois qui se sont écoulés depuis l'accession de Monsieur Emmanuel Macron au sommet de l'Etat. C'est aussi le temps qu'il aura fallu pour que plus de 300 000 Français, excédés de subir les conséquences de l'orientation budgétaire du gouvernement, revêtent un gilet jaune et descendent dans la rue pour manifester leur colère. Il faut dire que cet écœurement fiscal se comprend.
Comment ne pas comprendre le ras-le bol de nos concitoyens alors que le gouvernement prévoit d'augmenter encore et encore les taxes sur les carburants en 2019, en 2020, en 2021 et en 2022.
Dès le 1er janvier prochain, le gouvernement augmente le prix du litre de gazole de 6,5 centimes. Si la lutte contre le réchauffement est l'enjeu crucial de notre époque, il est inacceptable que ce combat se fasse au détriment de nos concitoyens les plus fragiles. C'est la raison pour laquelle le groupe Les Républicains proposait, dans un amendement, de mettre fin aux augmentations de taxes sur les carburants. Malheureusement, cet amendement a été balayé par le gouvernement et sa majorité. Ponctionner près de 2 milliards d'euros supplémentaires sur des dépenses aussi essentielles que le chauffage ou le carburant, c'est s'attaquer directement au pouvoir d'achat des Français. Cette spoliation est d'autant plus scandaleuse que la hausse de la fiscalité énergétique est en réalité une mesure de rendement destinée à financer la suppression de la taxe d'habitation. Il est insupportable que nos concitoyens paient l'incapacité du Gouvernement à s'attaquer à l'excès de dépenses publiques. Certes, le gouvernement a dit que les impôts allaient baisser. Mais la promesse de baisse de la fiscalité des ménages de 6 milliards d'euros est un mensonge.
Si l'on inclut notamment le quasi gel des retraites, des allocations familiales et des APL, qui augmenteront 6 fois moins vite que l'inflation au cours des 2 prochaines années, ou encore la manne supplémentaire de l'impôt sur le revenu grâce au prélèvement à la source, ce sont en réalité 300 millions d'euros qui seront pris dans la poche des Français en 2019 ! Cette situation est d'autant plus préoccupante que ce sont les ménages les plus modestes et les retraités qui sortent perdants de cette politique fiscale. 8 retraités sur 10 vont perdre du pouvoir d'achat d'ici à 2020, avec une perte moyenne de 400 euros par ménage !
Hélas, les ménages ne sont pas les seules victimes de l'incurie budgétaire du gouvernement. Alors que la détresse du monde agricole est connue de tous, le gouvernement a décidé d'amputer le budget du ministère de l'agriculture d'environ 300 millions d'euros, soit une diminution de l'ordre de 10%.
De plus, si la majorité a renoncé à la suppression du dispositif TO-DE (Travailleurs Occasionnels Demandeurs d'Emploi Agricole), l'instauration de la dégressivité de l'allégement des charges pour les travailleurs saisonniers au-delà de 1,15 SMIC demeure inquiétante. Alors que la main-d'œuvre constitue une charge majeure du coût de production de nos arboriculteurs et de nos maraîchers, cette diminution de 39 millions d'euros de leur exonération est tout bonnement incompréhensible.
Le constat est tout aussi alarmant en ce qui concerne les coupes drastiques du gouvernement dans les crédits budgétaires pour le logement. Avec plus d'un milliard d'euros de diminution, la réduction des aides et du soutien aux propriétaires constitue une véritable attaque à leur égard, qui se traduit par une baisse du nombre de logements et de constructions neuves. Avec un déclin des ventes de maison individuelles d'environ 14% sur les 7 premiers mois de 2018, cette chute spectaculaire de la construction immobilière est extrêmement inquiétante.
Enfin, pour clore cette dénonciation non exhaustive de la gestion calamiteuse des deniers de l'Etat par le gouvernement, les Républicains ont pointé du doigt la suppression pure et simple du dispositif FISAC, pourtant sensé préserver les services artisanaux et commerciaux de proximité dans des zones rurales ou urbaines fragilisées. Supprimer le FISAC revient à supprimer le seul outil national de soutien à l'artisanat dans les territoires fragiles et en particulier les communes rurales. La majorité En Marche n'a de cesse de se jeter des fleurs en mettant en avant la suppression démagogique de petites taxes. Cependant alors que dans le même temps, elle œuvre dans l'ombre à l'augmentation des crédits d'impôt culture, sans aucune étude d'impact, ni évaluation préalable. La majorité ne mérite pas les lauriers qu'elle voudrait s'attribuer. La majorité refuse par ailleurs tout encadrement de l'AME (Aide Médicale d'Etat) dont le budget ne cesse de déraper.
Sacrifice des classes moyennes et des ménages matraqués par les taxes, sacrifice des retraités dont les pensions sont gelées, sacrifice des producteurs agricoles avec la hausse du coût de production, sacrifice des propriétaires immobiliers actuels ou futurs avec la réduction des aides au logement, sacrifice des automobilistes avec une trajectoire insoutenable des taxes : voilà sur quels autels le gouvernement a décidé de sacrifier les Français plutôt que de s'attaquer au problème de la dette, de la dépense publique et de la compétitivité des entreprises qui grèvent notre pays. Or, ce n'est pas aux Français de payer le tribut de choix inappropriés de ses dirigeants. C'est la raison pour laquelle le groupe les Républicains a tiré la sonnette d'alarme et s'est exprimé contre un budget qui est contraire à l'intérêt des Français.