Commerces de proximité : anticiper une possible troisième vague épidémique
Publié le 04/12/2020 dans les catégories Economie Emploi & Formation
Patrick Hetzel vient de cosigner une proposition de résolution pour anticiper une possible troisième vague épidémique et la situation des commerces de proximité. En effet, la présence virale du SARS-CoV-2 doit désormais être considérée comme durable. Cet automne 2020, certains épidémiologistes et spécialistes dans le domaine appellent à toute la vigilance concernant l’éventualité d’une troisième vague épidémique, qui interviendrait au début de l’année 2021. La nouvelle mise à l’arrêt des commerces dits « non-essentiels » et d’un pan majeur de notre économie a été incompréhensible, puisque ce sont ces types de commerces qui appliquaient en règle générale les mesures les plus propices à la sécurité sanitaire. Il n’est pas aujourd’hui admissible que des commerces comme les grandes surfaces aient pu rester ouverts, alors que les commerces de proximité, spécialisés dans un bien ou dans un service, aient été fermés. Une distorsion de concurrence d’initiative gouvernementale a frappé certains acteurs économiques de notre pays. Pourtant, lors des récentes discussions sur le projet de loi sur l’urgence sanitaire, il a été refusé d’autoriser les préfets à décider discrétionnairement de la réouverture locale des commerces, qualifiés tout aussi discrétionnairement de « non-essentiel ». C’est un véritable problème, puisque les préfets, représentants de l’Etat dans les départements, sont les plus à même de constater au « cas par cas », le bon respect des mesures sanitaires et de l’avancée de l’épidémie. Aussi, le Ministre de l’économie avait évoqué l’hypothèse de rouvrir certains commerces dans la quinzaine suivant la mise en place du second confinement. Cette clause de revoyure, également annoncée par le Président de la République n’a pas été, ou très peu, appliquée. Et les aides, mises en place par les pouvoirs publics, ne pourront pas, à termes, suffire à couvrir l’ensemble des pertes pour les commerces de proximité et elles provoquent un désordre dans nos finances publiques. Dans l’hypothèse où notre pays connaîtrait un troisième épisode de confinement, la situation de l’ensemble des commerces de proximité doit être anticipée. Si en effet nous « devons apprendre à vivre avec le virus », les pouvoirs publics doivent montrer l’exemple et étudier, à l’échelon local, plutôt qu’au sein du pouvoir central, la situation des commerces de proximité. Nos commerces ne doivent pas être considérés aujourd’hui comme les principaux responsables de la propagation du virus. Cette proposition de résolution appelle donc à la réflexion sur la mise en place de mesures qui permettraient d’éviter la fermeture de l’ensemble des commerces de proximité. Ainsi, pourraient être imaginée d’accorder la possibilité aux préfets d’autoriser l’ouverture de certains commerces lorsque la situation sanitaire et les constatations du respect des mesures sanitaires le permettent. Aussi, il faut envisager la mise en place de mesures règlementaires – sous forme d’une charte contractuelle ou d’un règlement spécifique – applicables aux commerces de proximité, et qui permettraient leur ouverture pérenne. Par ailleurs, pourrait être créée une campagne nationale de soutien aux commerces de proximité post-crise sanitaire, qui permettrait d’inciter les français à acheter par exemple des produits en circuit court. Enfin, les pouvoirs publics doivent retenir les difficultés qui ont été celles des commerçants à la suite de la première vague épidémique, celles qui seront les leurs à la suite de la seconde vague épidémique, et celles qui seront fatales si une troisième vague épidémique devait survenir. Il est nécessaire de ne pas oublier ce qui s’est passé, apprécier ce qui se passe et anticiper ce qui reste à venir.