Éducation nationale : la confiance ne se prescrit pas par ordonnance
Publié le 12/02/2019 dans les catégories Education nationale
La nouvelle loi sur l’Ecole sera débattue dès lundi 11 février dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Sans se transformer en « ventilateurs à angoisse » pour citer le Ministre qui cherche à tout prix à esquiver les vrais débats de fond – il faut d’ailleurs souligner que l’angoisse ne se ventile pas mais oppresse durablement les personnes qui en sont atteintes — il doit être permis d’étudier avec attention le texte proposé. Plusieurs intentions peuvent surprendre, à défaut d’angoisser.
Ainsi, l’évaluation annoncée par la mise en place d’un nouveau conseil d’évaluation de l’école suscite en l’état de très nombreuses interrogations. Alors que tous les standards internationaux préconisent une évaluation totalement indépendante, le projet prétend la remettre « au cœur » du système éducatif tout en la rendant directement dépendante du ministre, quel paradoxe. En cette période un peu confuse quant aux rôles respectifs des experts et des décideurs, réintégrer l’évaluation sous la tutelle du ministère fait perdre toute crédibilité aux deux parties.
Dans tous les autres pays et non des moindres, on peut constater une corrélation directe entre l’existence d’une agence d’évaluation véritablement indépendante et la performance scolaire
Dans tous les autres pays et non des moindres, on peut même constater une corrélation directe entre l’existence d’une agence d’évaluation véritablement indépendante et la performance scolaire. S’il est incontestable que l’évaluation est un levier pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement, encore faut-il qu’elle respecte une méthodologie rigoureuse et standardisée. L’indépendance est un pré requis. Dans tous les autres pays : Allemagne, Corée, Finlande, Mexique, Islande, où une agence indépendante a été mise en place, c’est l’agence qui fournit au système les moyens et niveaux d’amélioration, pas l’inverse et encore moins sous la houlette du Ministre.
Au-delà de cette démarche envisagée, il s’agit de l’école de la République et les indicateurs de l’évaluation doivent être soumis à discussion, auprès des parents, du personnel des établissements et de la représentation nationale, c’est un bien commun. Rien dans le projet de loi de Monsieur Blanquer ne fait référence à ces indicateurs envisagés (cela ne relèverait pas du niveau législatif d’après le rapporteur du projet de loi) alors même qu’il y a quelques mois, le ministre n’a pourtant pas hésité à ériger au niveau législatif une interdiction des téléphones portables…).