Il faut permettre aux étudiants de retourner à l’Université !
Publié le 22/01/2021 dans les catégories Enseignement Sup & Recherche
En raison de la crise sanitaire liée à la COVID-19, les cours et enseignements ne sont aujourd’hui autorisés qu’à l’école, au collège et au lycée ; la situation est plus que dramatique pour des étudiants qui sont encore, à l’heure actuelle, éloignés du système universitaire. Malgré les nombreuses interpellations d’élus, de professeurs, de responsables universitaires, d’étudiants, de leurs familles, il semblerait que les choses n’avancent pas et que le retour progressif de ces étudiants au sein des universités, ne soit pas encore sérieusement envisagé. Cet éloignement crée, de fait, un déséquilibre pédagogique dont les effets sont d’ailleurs déjà visibles : ils vont du décrochage scolaire, à des conséquences encore plus dramatiques telles que la tentative de suicide, voire le suicide de certains étudiants « oubliés ». Tout cela est insupportable.
Pourtant, les responsables d’établissements universitaires ne demandent qu’une chose : le retour de leurs étudiants au sein de leurs locaux. Ils se sentent en capacité aujourd’hui de s’adapter à des obligations sanitaires drastiques et bénéficient, pour la plupart, de locaux assez grands pour permettre la distanciation sociale de leurs étudiants. Lors des sept semaines de cours qui ont suivi le début de l’année universitaire, toutes les structures d’enseignement ont d’ailleurs déclaré des taux de positivité nuls, ou quasi nuls. Les cours en « distanciel » ne saurait être une solution pérenne pour la formation des étudiants, ni une solution viable et vivable pour les enseignants. Les échanges et discussions dans les amphithéâtres ou dans les salles de cours permettent l’évolution de tous, étudiants comme enseignants.
Il serait d’usage de souligner et de saluer l’engagement sans failles des professeurs qui font en sorte, quotidiennement et depuis le début de la crise, de garder le contact avec leurs étudiants. Ils sont les premiers témoins des problèmes liés à l’éloignement des étudiants des établissements universitaires, éloignement qui est vecteur d’inégalités toutes aussi insupportables les unes que les autres. Une inégalité générationnelle tout d’abord. Alors que les étudiants, qui évoluent au sein des établissements universitaires ont l’interdiction de bénéficier de cours en présentiel, les étudiants qui suivent des enseignements dans les lycées (classes préparatoires, BTS…) peuvent toujours accéder à leurs établissements. Une inégalité fonctionnelle aussi. Tous les étudiants ne sont pas logés à la même enseigne lorsqu’il s’agit de l’accès à un matériel performant, à un réseau Internet de qualité, pour les visioconférences. La proximité familiale peut également avoir des conséquences sur la poursuite des études. Des mesures de soutien ont malgré tout été réfléchies pour nos étudiants. 150€ ont été par exemple versés, par le CROUS, aux étudiants boursiers, en novembre 2020. Mais cela ne comble pas leurs frais. La plupart d’entre eux n’ont pas pu, par exemple, accéder en 2020 à un contrat étudiant, permettant de financer leurs études. Il en va de même pour la mesure de mise en place de groupes de soutien composés de dix étudiants. Comment sélectionner les étudiants qui auraient le droit d’accéder à ces groupes ? Il s’agirait pour les responsables de structures de mettre en place une sélection discriminatoire. Ces opérations ne suffisent pas, et il importe désormais de réfléchir rapidement à l’avenir de nos étudiants : poursuite des études, accès à l’emploi.
Il existe des incohérences dans les pratiques voulues par les pouvoirs publics : les étudiants sont, d’une part, éloignés des établissements universitaires, tout en étant de l’autre contraint à composer pour leurs examens de fin d’année, en mai et juin 2020, en présentiel. Y aurait-il alors moins de risque de contracter le virus en période d’examen ? Enfin, il est nécessaire de rappeler que les étudiants « ne sont plus des enfants ». Ils sont d’ailleurs plus aptes à respecter les règles sanitaires que des écoliers ou des collégiens. Dès lors, il est essentiel de permettre dès maintenant un retour rapide des étudiants au sein des structures universitaires. Un accès aux travaux dirigés (TD) et aux travaux pratiques (TP) serait un bon début, dès le 25 janvier 2021. Ce retour rapide des étudiants au sein des structures universitaires pourrait passer par une campagne de vaccination prioritaire pour ces étudiants par exemple. Il ne faut plus que les étudiants soient les « oubliés » d’une République « en guerre ». La reprise de l’activité universitaire doit passer par la consultation des chefs d’établissements, par l’intermédiaire des présidents d’universités, plus à même de connaître la faisabilité concrète dans leurs structures. C’est l’objet de la proposition de résolution cosignée par Patrick Hetzel.