Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale, que comptez-vous faire pour redresser enfin la barre ?
Publié le 07/09/2021 dans les catégories Education nationale
Question du député Patrick Hetzel au Ministre de l’Éducation nationale : que comptez-vous faire pour redresser enfin la barre ? le 07.09.21.
Monsieur Blanquer voulait créer une école de la confiance. Hélas ses actions ont semé beaucoup de défiance chez les enseignants, les parents, les élèves et même les élus.
Patrick Hetzel est intervenu lors des questions au Gouvernement le mardi 7 septembre 2021, pour interpeller le ministre sur la gestion de la crise sanitaire dans les écoles et la réforme du baccalauréat.
Extrait du compte-rendu de séance :
« M. Patrick Hetzel : Ma question s’adresse à M. le ministre de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports. Avant tout, je voudrais souhaiter une bonne rentrée et bonne chance aux équipes enseignantes, aux élèves et à leurs parents (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains (LR) et sur quelques bancs du groupe Mouvement Démocrate (Dem)), en espérant que l’année sera cette fois-ci plus clémente sur le front sanitaire.
En prenant vos fonctions, vous avez déclaré que vous alliez bâtir la confiance de toute la nation dans l’école de la République. Aujourd’hui, si nous faisons le bilan, vous savez que nous sommes très loin du compte. Au fil du temps, vous avez plutôt construit de la défiance.
Prenons quelques exemples. Vous annoncez 600 000 tests salivaires par semaine pour 6,5 millions d’élèves, ce qui revient à tester au mieux un élève toutes les dix semaines ; la belle affaire, c’est hélas inefficace. Sans compter que, depuis plusieurs mois, vous n’avez en réalité jamais réussi à réaliser plus de 300 000 tests salivaires par semaine. En somme, pour la confiance, on repassera.
Un récent rapport de votre propre inspection générale dénonce votre réforme du baccalauréat qui creuse les inégalités.
- Pierre Cordier : C’est vrai !
- Patrick Hetzel : Elle réserve les options aux plus privilégiés et la majorité des élèves de France, notamment dans les territoires ruraux, n’ont accès qu’à un choix très limité. Dans ces conditions, il est difficile de créer la confiance. Autre exemple, les fermetures de classes en raison du covid se multiplient, hélas, partout en France depuis une semaine, à tel point que votre ministère ne veut pas en donner le chiffre global ; encore une situation qui ne crée pas véritablement la confiance.
- Thibault Bazin : Il a raison !
- Patrick Hetzel : Ma question sera donc très directe : que comptez-vous faire pour redresser la barre, enfin ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
- le président : La parole est à M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
- Fabien Di Filippo : Et des inégalités !
- Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports :
Je suis heureux aussi de vous retrouver, monsieur le député, non moins en forme que M. Corbière et non moins décidé à décrire tout en gris, contre toute évidence, et en mélangeant tous les sujets, puisque les trois que vous avez abordés n’ont rien à voir entre eux. Si j’avais suivi vos conseils depuis le début de la crise, les élèves auraient été privés d’école pendant des mois. (Applaudissements sur les bancs du groupe La République en Marche (LaREM). – Vives protestations sur les bancs du groupe LR.) Ce n’est pas ce qui s’est passé. L’UNESCO elle-même souligne que la France a très bien géré la crise sanitaire sur le plan scolaire. Vous pouvez donc continuer, mais les Français savent bien que nous avons réussi à ouvrir les écoles, notamment l’an dernier grâce à notre politique de tests salivaires qui était un des éléments de notre action. Oui, à la fin de l’année, nous réalisions 600 000 tests salivaires par semaine ; je ne vois pas quel reproche peut être fait à ce sujet.
- Fabien Di Filippo : Donnez le bac à tout le monde !
- Jean-Michel Blanquer, ministre : La réforme du baccalauréat était demandée depuis des décennies. Deux majorités, la vôtre mais aussi la majorité socialiste, ont pu la désirer et l’envisager à certains moments. Il est assez savoureux de vous voir la critiquer maintenant. Premièrement, elle est fondée sur la liberté. On a donné plus de liberté aux lycéens et aujourd’hui, une majorité d’entre eux disent dans les enquêtes qu’ils sont favorables à cette réforme.
- Fabien Di Filippo : Ah oui !
- Pierre Cordier : Forcément !
- Jean-Michel Blanquer, ministre : C’est justement cela l’école de la confiance et nous l’avons élaborée en concertation avec les lycéens. En donnant plus de choix, nous avons plus approfondi. Oui, notre stratégie est d’élever le niveau général de la nation et de chaque élève. Et oui, les nouvelles options permettent de mener une politique sociale puisque nous pouvons les proposer de façon volontariste dans les territoires les plus défavorisés. C’est ce qui est en train de se passer et nous avons réussi à conduire ces réformes en dépit de la crise sanitaire. En effet, réussir à les mener tout en gérant la crise sanitaire, cela inspire la confiance. Bien sûr les oppositions sont violentes, parfois radicales. Parfois vous vous y associez, on le voit bien.
- Fabien Di Filippo : Oh !
- Jean-Michel Blanquer, ministre : Oui, il faut bâtir une école de la confiance. Je fais le rêve qu’un jour vous dépolitisiez ces sujets, que vous réussissiez à admettre ce qui va bien et ce qui va moins bien et qu’ensemble, nous réalisions les progrès nécessaires. Bien sûr, on peut toujours faire des progrès mais si vous regardez ce qui a été accompli depuis cinq ans, au moins cela l’a été avec constance et en application d’idées claires que chacun peut comprendre. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe Dem. – M. Fabien Di Filippo proteste vivement.)
- le président : La parole est à M. Patrick Hetzel.
- Patrick Hetzel : Monsieur le Ministre, votre autosatisfaction est incroyable. Regardez les sondages que vous affectionnez tant : un parent sur deux a une très mauvaise image de vous ; selon la dernière enquête réalisée, deux tiers des parents considèrent que le niveau a baissé au sein de l’éducation nationale au cours de la période où vous avez été ministre. Si vous en êtes satisfait, bravo ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe LR.) ».