Reconnaître davantage les professionnels infirmiers libéraux de France
Publié le 15/03/2024 dans les catégories Santé
Nous les avons applaudis tous les soirs à 20h pendant le confinement pour saluer leur dévouement face à une des plus grosses crises sanitaires qu’a connu notre pays. Aujourd’hui, leur quotidien est tout autre. Les infirmiers et infirmières libéraux sont un maillon essentiel de l’offre de soin en France et particulièrement indispensable pour atteindre l’objectif commun du virage ambulatoire et du maintien à domicile.
Bien souvent, l’infirmier libéral est le seul contact humain que les patients, notamment les plus âgés, peuvent espérer au quotidien. Leur rôle ne se limite pas seulement à soigner, mais à informer, rassurer les familles ou encore coordonner les soins. Toutefois, force est de constater que leur situation est aujourd’hui peu tenable, bien en deçà de la reconnaissance morale et l’utilité publique que le peuple de France leur reconnaît.
Entre 2012 et 2022, l’inflation cumulée atteint près de 15% tandis que les honoraires de ces professionnels n’ont pas été revalorisés d’un iota. Depuis 2009, les revenus des infirmiers libéraux n’ont jamais été revalorisés, et ce, malgré les nombreuses sollicitations des syndicats à ce sujet. Par ailleurs, le manque considérable de moyens alloués dans les lois de financement de la sécurité sociale successives affecte considérablement la vie de infirmiers libéraux alors même que le nombre de patients est en constante augmentation.
Les revalorisations successives des indemnisations forfaitaires de déplacement passant de 2,50 à 2,75 euros sont jugées comme « insuffisantes » et « peu viables ». Pourtant, la situation exige de faire évoluer la rémunération des infirmiers libéraux. C’est non seulement une question de juste reconnaissance de leur travail mais également d’attractivité des métiers du soin dont nous avons tant besoin.
D’autre part, les conditions d’exercice des infirmiers libéraux pâtissent d’un réel manque de lisibilité et de transparence. A titre d’exemple, le forfait pour le bilan de soins infirmiers (BSI), qui permet à l’infirmier d’établir un plan de soins infirmiers personnalisé, est un échec cuisant. Ces forfaits sont des fourre-tout (toilette, préparation et administration des traitements, prise de constantes, pansements simples). Aussi, les règles de facturation dérogent aux règles traditionnelles, pouvant conduire à des erreurs synonymes d’une augmentation des procédures en réclamation d’indus. Autre exemple, la pénibilité du travail des infirmiers libéraux est bien réelle. Ces professionnels de santé manipulent des patients plus ou moins lourds, plus ou moins grabataires. De nombreux infirmiers souffrent de pathologies du rachis, des articulations, des membres supérieurs ou inférieurs… Ils travaillent tôt le matin et finissent tard le soir. Il est à noter que l’espérance de vie d’une infirmière est diminuée de 7 ans par rapport aux autres personnes dans notre pays. Les pouvoirs publics doivent mieux anticiper cette pénibilité qui de toute évidence nuit à l’attractivité de cette profession. Enfin, l’on pourrait évoquer également la nomenclature des actes qui devient obsolète. En effet, le glissement vers l’ambulatoire amène les infirmiers à prodiguer des soins qui ne sont toujours pas répertoriés dans la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) et qui ne sont donc pas rémunérés à leur juste valeur. Pour toutes ces raisons, les infirmiers libéraux questionnent la place et le devenir de leur profession. 30% des jeunes diplômés abandonnent la profession dans les 5 ans qui suivent le diplôme !
Face à leur détresse, les actions du Gouvernement ne sont pas suffisantes ! Cette inaction publique menace chaque jour pas moins de 20 patients par infirmier libéral qui risquent de se voir dépourvus de soins et plongés dans la désertification médicale à chaque fois qu’un poste disparaît. C’est pourquoi le Législateur doit absolument relayer ce cri silencieux des infirmiers et infirmières libéraux. Ils souffrent en silence tout en continuant de prodiguer les soins nécessaires à des millions de nos concitoyens. Ils doivent aujourd’hui être entendus ! Tel est l’objet de la proposition de résolution cosignée par Patrick Hetzel et qui exhorte le Gouvernement à reconnaitre davantage et à revaloriser de toute urgence les professionnels infirmiers libéraux en France.