Réforme du baccalauréat : Patrick Hetzel restera vigilant quant à son application
Publié le 16/02/2018 dans les catégories Education nationale
Patrick Hetzel approuve cette réforme sur le principe. Le programme présidentiel de François Fillon proposait une réforme très similaire (baccalauréat réduit à 4 épreuves etc.). Cependant, il restera vigilant quant à son application :
- Le fait que les épreuves sur les spécialités aient lieu au printemps font perdre deux à trois mois d'enseignement aux élèves.
- Il est prévu que le contrôle continu se fasse en utilisant des copies anonymisées et par des professeurs qui ne sont pas ceux des élèves. C'est un minimum, encore faut-il que la mise en place de ces conditions soit réellement effective. Il faut être conscient que la notation peut varier sensiblement d'un établissement à un autre (les échanges de copies se feront-ils au sein des établissements ? Entre les établissements ?).
- L'épreuve orale ne doit pas être qu'une mesure permettant de faire des économies et ne doit pas avoir un poids trop important dans la notation. L'exigence d'un niveau de français correct à l'écrit reste essentielle. Il ne faudrait pas non plus qu'il s'agisse d'une nouvelle version des TPE (travaux personnels encadrés) dont la pertinence reste très discutable…
- La question des moyens relatifs à la mise en place des nouveaux enseignements n'est pas abordée (recrutement, formation des professeurs etc.).
D'une manière générale:
- On peut s'étonner de la méthode du Gouvernement sur les réformes relatives à l'éducation : on réforme l'accès à l'université sans réformer l'université, on réforme le bac sans vraiment réformer l'apprentissage des connaissances au lycée, et le tout se fait sans toucher à l'école primaire et au collège, c'est-à-dire, la base. Il y a un risque qu'il ne s'agisse que de « tuyauterie » dans un bel écrin de communication.
- Quid des exigences quant aux fondamentaux ? Quid des programmes ? Quid des questions de discipline, de rigueur et de respect ? Tout cela est censé arriver prochainement mais pour l'instant on ne peut que s'en remettre à la parole du ministre.
- La ministre de l'enseignement supérieur a expliqué que la réforme du bac n'avait pas vocation à le rendre plus sélectif (France info 14/02/18). Cette approche n'est pas rassurante quand on sait que le tristement célèbre « 80% d'une classe d'âge au bac » a conduit à constamment en abaisser le niveau…
Face aux nombreuses parts d'ombres qui subsistent, la vigilance s'impose.