Revalorisation des professions médicales et amorce de leur virage domiciliaire
Publié le 26/04/2024 dans les catégories Santé
Ces dernières années, nous le savons tous, les professions médicales ont grandement souffert. D’abord du fait d’une crise sanitaire sans précédent, entrainant une surcharge difficilement tenable de notre système hospitalier et de nos médecins libéraux, crise à laquelle s’est adjointe une inflation galopante qui affecte durablement les rémunérations de ces professions. A titre d’exemple, entre 2012 et 2024, la profession des kinésithérapeutes libéraux n’a reçu qu’une revalorisation de 0,06 point sur sa lettre clef, soit une augmentation de 2,8%.
Face à une inflation estimée par l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) à 4,9% en 2023, cette augmentation apparait bien maigre, pour ne pas dire dérisoire. Il en a résulté un recul inquiétant de 10,6% du bénéfice non commercial de la profession, de quoi interroger sur son avenir. Les infirmières libérales, quant à elles, n’ont pas reçu de revalorisation depuis 2009, entrainant, selon les estimations, une perte de pouvoir d’achat d’environ 25%. Il ne s’agit là que deux des nombreux exemples qui illustrent la perte de pouvoir d’achat de nos professions médicales libérales. Dans une situation de désertification médicale grandissante, il n’est pas possible de laisser des cabinets mourir dans nos communes, ni brader la qualité des soins dispensés pour prendre moins de temps pour chaque patient en espérant rentrer dans les frais.
Par ailleurs, cette situation pourrait finir par entrainer des refus de mettre en place les traitements les plus chronophages chez les particuliers, à rebours complet des ambitions de « virage domiciliaire » affichées par le Gouvernement. Des augmentations sont fort heureusement prévues pour la profession. Mais ces échéances sont bien lointaines, d’ici 2025, 2026 voire 2027 pour reprendre le cas des masseurs kinésithérapeutes libéraux, et ne concerneront qu’un tiers des 80 cotations prévues dans la nomenclature du coût des soins fournis. D’ici là, les prédictions ne sont pas de bon augure concernant l’avenir de nombreux cabinets déjà fragiles économiquement, ou de la poursuite d’activité d’infirmières libérales déjà sous grande pression. Leurs prises en charge contribuent pourtant à économiser les ressources de l’Assurance maladie à travers le retour au travail des personnes accidentées ou en souffrance orthopédique, en maintenant à domicile les personnes âgées leur évitant ainsi des chutes, en ramenant les patients vers l’activité physique et en participant donc à diminuer les pathologies cardio-vasculaires, cancérologiques et neurodégénératives.
Il faut donc urgemment procéder à cette revalorisation des professions médicales, et insister sur la nécessité de procéder à un véritable virage domiciliaire de ces professions, justement indemnisé, afin d’éviter le phénomène de désertification médicale et assurer une continuité de soins efficace. Tel est l’objet de la proposition de résolution à laquelle s’est associé Patrick Hetzel.